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26 septembre 2007 3 26 /09 /septembre /2007 16:01
J'ai eu l'occasion, à la demande de plusieurs amis, de publier un ouvrage intitulé Nos rites et la Bible. Deux ans après, il reste toujours d'actualité. Avant de vous en donner quelques aperçus, je vous livre la Préface qu'une amie et collègue a bien voulu me faire à cette occasion :

"Lorsque Jacques Hubert me demanda de bien vouloir lire son livre sur les rites traditionnels d'Afrique et leurs relations possibles avec la pratique de la religion catholique romaine, j'ai été évidemment très surprise étant donnée mon ignorance dans le premier élément de l'étude. Puis j'ai perçu tout le bénéfice qu'un catholique pratiquant pourrait recevoir d'une telle étude, et me suis laissé prendre par la magie de ces rites que nous pouvons retrouver en partie dans la Bible comme le montre très bien l'auteur.  Bien que cet ouvrage soit destiné a priori aux lecteurs africains, je pense que tout occidental peut y trouver une riche matière à réflexion. 

En effet, aux yeux d'un occidental de culture chrétienne catholique et pratiquant, les gestes accomplis lors des différents actes sacramentaux ou liturgiques font tellement partie de la cérémonie elle-même que le participant ne les perçoit plus comme gestes parlants.

Par « geste parlant »  j'entends ici le signifié que porte ce geste: ce sens qui lui est propre et qui est  en danger de disparition dès que le geste est modifié, même un tant soit peu.  Par  « signifié » d'un geste on entend la compréhension profonde qu'en a son acteur et son observateur. On voit donc que le sens du geste inclut le corporel à l'intellectuel afin d'aller vers le spirituel.

Le rite chrétien, tel que celui de  la liturgie dominicale, associe le corporel, c'est-à-dire l'utilisation des objets du culte par le prêtre et ses acolytes, à l'intellectuel, c'est-à-dire la compréhension de la scène et de la langue des textes par l'assemblée et l'officiant. Ce dernier stade aide le participant à s'ouvrir au spirituel en tant que recherche du sens profond de ce qui se fait et se dit.

Ce qui se fait et se dit... Dans tous les sacrements des objets ou des produits sont utilisés, et des paroles accompagnent ces actions. Mais c'est un accompagnement actif: l'un complète l'autre. Cette double action tient aussi du divin: la totalité de la relation avec Dieu ne serait pas si le concret manquait à l'abstrait. Et l'inverse. Que deviendrait la bénédiction du prêtre à la fin de la messe sans le geste de la croix? Après quelques temps elle équivaudrait à un de ces « salut! » que les jeunes échangent à la fin d'une conversation ou d'un trottoir à l'autre. Gentil, agréable, réconfortant, mais n'engageant pas nécessairement ni la personne qui le lance, ni celle qui le reçoit. Autrement dit, l'expression est vidée de son contenu réel et profond.

L'association de ce qui se fait à ce qui se dit est la traduction de la vie intérieure de celui ou de celle qui l'accomplit, une vérité que l'observateur comprend, ou sent, comme telle. Chacun  va  transformer cette vérité aperçue en devenant un vrai participant et, un degré plus loin, ou plus haut, en missionnaire.

Cependant, on peut s'interroger sur la nécessité de la répétition précise de cette association dans la liturgie ou autre sacrement.

La répétition est un respect de la Parole telle que nous l'avons reçue par l'Ancien et le Nouveau Testament d'une part; d'autre part, cette Parole est d'une telle richesse spirituelle qu'elle porte en elle un mystère permanent dont le dévoilement progressif par le participant constitue un vécu profond et  enrichissant, ou guérisseur. La répétition paraît, par conséquent, être indispensable du côté de l'officiant. Mais l'est-elle avec autant de force du côté de l'assemblée?

La compréhension totale de la cérémonie par les gens qui la suivent passe obligatoirement par une participation, comme la vérité vécue par l'officiant passe par sa participation vraie au sacrement. Il est donc plus que nécessaire que l'assemblée s'associe au geste accompli: action et parole.. La  question qui se pose est donc celle du comment de cette participation. Chacune de nos assemblées paroissiales peut apporter sa réponse, mais elle est souvent limitée par les habitudes ancestrales et/ ou par la culture elle-même. Pour sortir de ces barrières il faut par conséquent regarder ailleurs: d'autres cultures nous apportent un autre vécu de la foi qui peut nous inspirer, au sens fort du terme.

Jacques Hubert, dans son étude de certains rites africains, nous montre bien quels aspects ou points particuliers de ces rites pourraient nous faciliter le développement de notre vie intérieure afin qu'elle se reflète dans notre relation avec l'univers tout entier.

En effet, l'auteur souligne avec pertinence la présence dans la Bible de rites qui nous paraissent, à nous occidentaux du 21ème siècle, typiquement africains: l'abandon, l'accueil, le mariage, la naissance, et d'autres encore. À partir de ces rapprochements concrets, l'auteur s'attache à montrer au lecteur ce qui pourrait être adopté par un assemblée, sans pour cela avoir une couleur typiquement africaine dans une société typiquement nordique, par exemple. Il nous le montre dans le respect de ce qui « appartient à l'autre », et dans le respect de ce qui pourrait nous aider à entrer en liturgie de tout notre être afin de nous acheminer en spiritualité."  Hélène SUZANNE, Prof. Dr.

 Czestochowa, le 18 octobre 2005

Dans un prochain article, je vous donnerai plus de précisions. Vos réactions seront toujours les bienvenues. J'espère vous en donner un avant-goût.
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commentaires

P
je comprends très bien que le catholique romain estime que la liturgie et les rites fassent partie du brol, hérité à travers la pensée moyen-âgeuse de pseudos penseurs,  dans lequel il croit mais il faut bien admettre que toute la liturgie, tous les rites catholiques romains ne sont pas évangéliques et vont même à contre courant du message de Christ.Réné Girard à travers sa lecture des évangiles montre et démontre que  la Pensée rapportée par les évangiles est différente de toutes les réligions par justement ce refus par Christ des rites. Toute la pensée chrétienne développée par certaines Eglises est une incompréhension du rapport de Christ par rapport à sa mort. Les dogmes canoniques se basent sur une passion présentée comme sacrificielle, ce qui est une erreur. Mais si Christ est mort une fois pour toutes pour nos péchés - hypothèse -  pourquoi renouveller sans cesse de façon compulsive un simulacre de sacrifice en y ajoutant des rites.Matthieu : 9.13 Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.Piotr
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